TikTok, menacé d’interdiction aux Etats-Unis, veut jouer l’opinion contre les gouvernements occidentaux


Le PDG du réseau social TikTok, Shou Zi Chew (au centre), arrive pour témoigner devant le Congrès des Etats-Unis, à Washington, le 23 mars 2023.

« Certains hommes politiques parlent de bannir TikTok. Cela pourrait conduire à [en] priver 150 millions d’entre vous » : deux jours avant son audition du 23 mars par le Congrès américain, le PDG du réseau social d’origine chinoise, Shou Zi Chew, a clairement joué contre Washington les nombreux fans qui s’échangent des vidéos sur l’application à travers toute l’Amérique.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Pourquoi la pression occidentale, et particulièrement américaine, s’accentue sur TikTok

Dès mardi 21 mars, il a diffusé une vidéo pour défendre sa plate-forme et publié le lendemain son long propos liminaire face au Congrès. En attendant le tir de barrage des élus du pays. En jeu, l’interdiction du réseau social (plus d’un milliard d’utilisateurs dans le monde), soupçonné de pouvoir transférer les données sensibles sur les citoyens américains en Chine et au Parti communiste chinois (PCC).

Le combat a commencé en août 2020, sous le mandat de l’ancien président républicain Donald Trump. Autant l’interdiction du chinois Huawei dans la téléphonie 5G était facile, car elle ne touchait que peu le grand public, autant il est vite apparu qu’il serait quasi impossible de bannir une application aussi populaire que TikTok. Surtout à une période les géants américains de la tech, à commencer par Facebook, étaient accusés de toutes les manipulations électorales.

Echec de l’« américanisation » du réseau social

M. Trump avait donc cherché à « américaniser » TikTok et forcer la vente de ses activités aux Etats-Unis par son propriétaire, ByteDance. Le délai fut fixé au 15 septembre 2020. Microsoft s’était montré intéressé, mais l’accord avait échoué lorsqu’il s’était avéré que la firme fondée par Bill Gates n’aurait pas accès au logiciel qui rend TikTok si efficace. Oracle et Walmart avaient pris le relais, proposant de stocker les données et de réaliser la modération du réseau social, mais l’affaire ne s’était pas non plus conclue.

Le président démocrate Joe Biden, une fois installé à la Maison Blanche, en janvier 2021, a renoncé à la voie de l’américanisation forcée, après que des décisions de justice l’eurent rendue impraticable. Le sujet est revenu à l’ordre du jour avec l’accroissement des tensions sino-américaines. Le sénateur démocrate de Virginie Mark Warner a déposé, début mars, une proposition de loi susceptible de permettre à l’exécutif de bannir les applications menaçant la sécurité nationale : en clair, TikTok.

« Aujourd’hui, la menace dont tout le monde parle est TikTok, et comment il pourrait permettre la surveillance par le PCC, ou faciliter la propagation de campagnes d’influence malveillante aux Etats-Unis, a déclaré Mark Warner. Nous avons besoin d’une approche globale, qui s’attaque aux sources de technologies potentiellement dangereuses avant qu’elles ne prennent pied aux Etats-Unis. »

Il vous reste 76.52% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.



Source
Catégorie article Politique

Ajouter un commentaire

Commentaires

Aucun commentaire n'a été posté pour l'instant.